Agathe Ridel : Une femme engagée dans l’industrie française

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3 janvier 2023

« Je suis fière de faire perdurer l’entreprise familiale et ses valeurs »

Nous avons interrogé Agathe Ridel, 33 ans, qui vient de prendre la direction de l’entreprise familiale, Mecanolav à Neufchâtel-en-Bray (76).

Quelles sont les étapes clés qui vous ont menée à prendre la direction de l’entreprise familiale ?

J’ai toujours aimé la technique. Mon père était chef d’entreprise dans l’industrie, ce qui m’a permis de découvrir ces métiers très tôt. J’ai fait une école d’ingénieur sans savoir exactement le métier que j’allais faire avec ce diplôme. Comme j’aimais l’automatisation et la robotique, je me suis spécialisée en mécatronique. Le monde de la production m’intéressait, j’ai donc fait mon stage de fin d’études chez un équipementier automobile sur un site de production en Allemagne où j’ai ensuite décroché un CDI en tant qu’ingénieur industrialisation et méthode. Lors du départ du responsable de production chez Mecanolav, on m’a alors proposé de prendre sa place. C’était l’occasion d’intégrer l’entreprise familiale et de voir si je voulais la reprendre.  Après cinq ans à ce poste, je me suis sentie prête.

Qu’est-ce qui vous a convaincue ?

J’ai suivi en parallèle un master en business et administration à l’IAE de la Sorbonne. Cela m’a permis de prendre de la hauteur et d’avoir plus confiance en mes capacités. J’ai réalisé que j’aimais la liberté que m’apportait le statut de dirigeante et la diversité des missions. Également, j’ai de super équipes engagées et je voulais faire perdurer l’entreprise avec celles-ci.

Pouvez-vous nous présenter Mecanolav ?

Nous accompagnons nos clients dans leurs problématiques de propreté. Pour cela, nous concevons et fabriquons des machines pour nettoyer les pièces mécaniques dans divers secteurs tels que l’automobile, l’aéronautique, l’industrie générale. Nous sommes le seul fabricant français basé en Normandie où nous comptons 45 collaborateurs.

Toutes les machines que nous fabriquons sont tout d’abord définies lors du processus de vente, pour correspondre au besoin du client. Puis les bureaux d’études mécanique, électrotechnique et automatisme les conçoivent. Le service achat s’occupe ensuite d’approvisionner les composants et les pièces spécifiques. Et enfin, nous assemblons, câblons et programmons la machine de A à Z, dans notre atelier avant d’aller les installer chez nos clients.

L’entreprise a été créée en 1924 par mon arrière-grand-père, qui à l’époque fabriquait des chaussures de sécurité. Puis, elle s’est diversifiée dans la récupération de chaleur sur les cuves à lait, la revente de machine de nettoyage, etc. pour finalement devenir telle qu’on la connait aujourd’hui : un fabricant de machine de nettoyage pour l’industrie mécanique.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ? Qu’est-ce qui vous plaît le plus ?

Je n’aurais pas imaginé autre chose que l’industrie. Il y a une vraie diversité de métiers et de domaines, on peut en changer et c’est très riche en termes d’apprentissage. J’aime relever des défis, et devenir dirigeante en était un.

Est-ce plus difficile pour une femme d’occuper un tel poste ?

Je n’ai eu aucun problème à me projeter comme ingénieur en tant que femme. En revanche, c’était plus difficile de m’imaginer chef d’entreprise. Je me suis posée beaucoup de questions sur ma légitimité à reprendre l’entreprise familiale. Oser devenir dirigeante m’a demandé un vrai travail sur moi. Il y a toujours des doutes qui persistent, mais cela ne m’empêche pas d’avancer. Il faut oser sauter le pas et lever ses freins. J’ai le sentiment que les femmes se sentent plus difficilement légitimes et c’est dommage.

Qu’est-ce qui vous rend la plus fière au quotidien ?

Je suis fière du chemin que j’ai parcouru, d’avoir osé relever le défi de devenir chef d’entreprise. Je suis également fière de faire perdurer l’entreprise familiale et ses valeurs.

Que pensez-vous de la place des femmes dans l’industrie ?

Personnellement, j’ai toujours trouvé ma place dans l’industrie et je n’ai jamais été confrontée au sexisme. Je pense qu’être une femme est une force. La mixité apporte énormément. Cela équilibre les équipes sur le plan relationnel. En revanche, il n’y a pas assez de filles dans les métiers techniques, sans doute par manque de modèles féminins pour se projeter. Moi, c’est mon père qui m’a inspirée.

Quel conseil donneriez-vous à une jeune fille pour l’encourager à exercer un métier industriel ?

D’osez ! Il ne faut pas hésiter à expérimenter, à se lancer et la confiance vient avec l’expérience. Dans l’industrie, il y a forcément un métier qui peut correspondre à vos attentes, technique ou pas. Les femmes ont un bel avenir dans l’industrie alors foncez !

Source : « Je suis #Fière de faire perdurer l’entreprise familiale et ses valeurs« , UIMM.